Z’ombres

Théâtre pour une voix

Description

Théâtre pour une voix, certes, mais théâtre assurément puisque face à nous silencieux, une femme – ce pourrait être un homme – ose dire.
Face à nous silencieux, elle trouve sa voix ; elle cherche en nous son écho. Entre souvenirs et réflexions, elle se parle, nous parle, interroge, s’interroge sur sa condition d’être humain.
Elle dit qu’elle a dix-huit ans. N’allez pas croire qu’elle n’est qu’un esprit juvénile dans une enveloppe sénile ; c’est plus subtil et mystérieux que cela. Elle n’est pas si jeune, elle n’est pas si vieille. Dire qu’elle a dix-huit ans, c’est peut-être sa façon à elle de reconnaître ou de vouloir nous faire admettre cette inflexible éternité de soi…
Soucieuse de mieux se comprendre, elle se dévêt, avoue ses faiblesses. Comme nous, elle va durement vers sa liberté, chacun la sienne à conquérir.
Et pour cette conquête personnelle à laquelle nous assistons, elle s’attaque au temps qui court, passe au hachoir la vieillesse, la maladie, la mort ; elle rit, souffre, se moque, s’étonne, se désespère et s’émerveille. Puis d’abandon en abandon, elle résiste pourtant…
Entêtée, drôle, injuste, mauvaise quelquefois, elle refuse l’abaissement, la fatalité du soir qui tombe ou plutôt elle en refuse la tristesse, se rebelle encore, s’indigne, demande réparation, apostrophe, réclame en contrepartie des outrages qu’elle obtienne de rester debout.
Tour à tour petite et pauvre ou vieux sage ou guerrière, elle nous redonne le choix de monter vers notre fin ou de nous laisser tomber dans un trou.